Promotion de la Santé et conduites de changement

Identifier les mécanismes explicatifs des changements de comportements de santé et les conditions favorisant le changement.

Responsables scientifiques : Xavier Corveleyn et Christian Pradier

Selon la Charte d’Ottawa (1986), la promotion de la santé vise non seulement à renforcer les aptitudes et les capacités des individus et à réduire les comportements à risque, mais aussi à agir sur les déterminants psychologiques, physiques, sociaux et économiques dans le but de favoriser la création d’environnements de vie qui soient favorables à la santé. Dans la communauté scientifique, cette vision de la promotion de la santé se traduit par des modèles théoriques intégratifs et systémiques tels les modèles socio-écologiques (e.g., Sallis et al., 2015 pour une revue). Ces modèles de promotion de la santé comportent différents niveaux d'influence depuis les facteurs les plus proximaux (liés à l’individu) jusqu’aux facteurs les plus distaux (liés aux politiques publiques), en passant par les processus interpersonnels, les facteurs institutionnels et les facteurs communautaires. Ces modèles considèrent ainsi que l'influence de l'environnement physique et social sur la santé et sur les comportements liés à la santé est cruciale. D’autres modèles, psycho-sociaux, mettent en évidence l’influence de l’intériorisation des normes sociales et des identités sociales sur ces mêmes comportements.

Dans ce cadre, les actions de promotion de la santé appellent à un véritable changement dans la façon de concevoir et de mener les actions de santé publique. Ce changement repose, notamment, sur le développement de collaborations interprofessionnelles, inter-organisationnelles et intersectorielles, où la combinaison des connaissances et des expériences de chacun peut conduire, sous certaines conditions, à des solutions innovantes pour résoudre les problèmes de santé publique complexes. Ces formes d’organisation, qui exigent de nouvelles formes de gouvernance collective, sont difficiles à réaliser.
Par ailleurs, il y a peu de données scientifiques sur les conditions d’un fonctionnement synergique et efficace de tels dispositifs dans le champ de la promotion de la santé.

Thématique : Promotion de la Santé et conduites de changement

L’activité de recherche développée dans le cadre de la thématique 2 de la Fédération se propose de contribuer à mieux identifier les mécanismes explicatifs des changements de comportements de santé, ainsi que les conditions favorisant la participation citoyenne et les coopérations intersectorielles.

Les projets de recherche de la thématique

JUST_APT : Justice organisationnelle et promotion de la santé par l’Activité Physique sur le lieu de Travail

Responsable scientifique :

Le lieu de travail est reconnu par la communauté internationale comme un site stratégique pour la promotion de la santé (https://osha.europa.eu/). Des travaux montrent que l’activité physique sur le lieu de travail peut, dans certaines conditions, avoir des effets bénéfiques sur la santé des salariés et la productivité des entreprises (e.g., Conn et al., 2009). En revanche, les facteurs explicatifs de l'engagement des salariés dans ces programmes sont encore mal connus. La justice organisationnelle est une approche contemporaine en psychologie du travail montrant notamment que, quand les salariés s’estiment être traités de manière juste, ils sont plus efficaces, moins absents, ont des attitudes plus favorables à l’égard de leur direction et de leur organisation, et souffrent moins de problèmes de santé mentale (Colquitt et al., 2013; Robbins et al., 2012 ; Steiner, 2017). Par ailleurs, dans des théories sur le stress au travail, la justice organisationnelle est considérée comme une ressource qui aide les salariés à récupérer d’événements stressants (Johnson et al., 2014).

L’objectif de cette étude est d’examiner les relations entre le climat de justice organisationnelle perçu et l’engagement/ désengagement vis-à-vis de l’AP sur le lieu de travail. Une première hypothèse est que le climat de justice perçu pourrait favoriser la pratique de l’AP sur le lieu de travail. Une autre hypothèse serait que l’AP serait un moyen de compenser des injustices ressenties au travail. Une troisième hypothèse serait que la pratique d’une AP sur le lieu de travail pourrait contribuer à faire évoluer la perception du climat de justice.

Ces hypothèses seront examinées à partir de deux approches méthodologiques complémentaires : (a) une enquête par questionnaires psychométriques auprès de 300 salariés d’entreprise (étude en cours) ; (b) des entretiens semi-directifs (individuels ou de type focus-group auprès de 15 salariés et de 5 dirigeants de secteurs différents).

CP4H : Promotion de la santé et conduites de changement dans le cursus de médecine générale par l’évolution des pratiques pédagogiques universitaires

Responsables scientifiques : Solange CIAVALDINI-CARTAUT (LAPCOS - EA 7278), David DARMON (URE RETINES), Stéphane MUNCK (DERMG)

CP4H est une intervention-recherche pluriannuelle et pluridisciplinaire déployée autour de la «promotion de la santé et la conduite de changement dans le cursus de médecine générale par l’évolution des pratiques pédagogiques universitaires ».

3 principaux résultats à ce jour :

  • Le premier résultat montre l’importance d’accompagner le changement des pratiques de formation par le numérique en exploitant le modèle des phases de préoccupations du sujet dans la résistance au changement tel que conçu par Meunier, Bareil et Savoie (2008).
  • Le second résultat souligne que l’acceptabilité des usages du numérique (Tricot et al., 2003) détermine la transformation des pratiques d’enseignement et que l’intervention doit en tenir compte pour accompagner le sujet capable.
  • Le troisième résultat montre que l’accompagnement au changement des pratiques de formation par le numérique et l’hybridation confère aux médecins-enseignants plus de capacités d’usage (performance expectancy, modèle UTAUT de Venkatesh et al., 2003) qui facilitent la régulation de la charge de travail et confèrent un gain de satisfaction professionnelle.
PAS-TIC : Promotion d’un mode de vie Actif chez les Seniors en milieu rural : rôle des Technologies de l’Information et de la Communication

Responsable scientifique : Fabienne d’ARRIPE-LONGUEVILLE (LAMHESS)

La promotion de l’engagement durable des seniors dans un mode de vie actif constitue un enjeu de santé publique majeur (Bauman et al., 2016). Cependant, en milieu rural l’éloignement géographique et l’enclavement de certaines communes rendent difficile le développement d’offres de pratique.

Face à cela, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) permettent d’augmenter à court terme le niveau d’activité physique (AP) et de mesurer de manière plus objective les comportements d’AP (Gal et al., 2018). Parmi les TIC favorisant l’AP, le coaching en visioconférence a démontré des effets sur les comportements d’activité physique comparables à ceux du coaching en direct (Hakala et al., 2017). Cependant, l’acceptabilité de cette solution par les seniors résidant en milieu rural, ou plus généralement le rôle des TIC dans la promotion de l’AP dans les zones rurales reste peu étudié (Kurti et al., 2015).

Le projet PAS-TIC a pour objectifs principaux d’explorer les mécanismes de l’acceptabilité du coaching d’AP en visioconférence à partir des perceptions de différents acteurs : i) les seniors eux-mêmes et les élus des communes. Le recueil des données se fera par entretiens (seniors et élus) et questionnaires psychométriques (seniors). Pour explorer de manière pluridisciplinaire les facteurs de l’acceptabilité, nous avons constitué un collectif de travail regroupant le LAMHESS (Université Côte d'Azur) et le LAPCOS (Université Côte d'Azur) au sein de la MSHS Sud-Est et l’APEMAC (Université de Lorraine).